L’universalité
des langages.
vsent ilz pas de diuers
langages? TRISM. De di-
uers mon filz. Si est-ce
nonobstant, que tout
ainsi qu’il n’est qu’vn
homme en plusieurs,aus-
si n’est il qu’vne parolle,
laquelle est portée çà
& là, & par
truchemens interpretée. De sorte
que tout ce que disent les
Egyptiens, ou les Per
sans, ou les Grecz, n’est
qu’vn seul parler, quant
à l’importance de leurs
idiomes & formes de di-
re. Mais mon filz, tu me
sembles n’entendre pas
bien l’estenduë et vertu de
la parolle. Le bien
heureux Dieu mon bon ange,
& interprete,m’a
souuent reuelé, l’ame estre
dedens le corps, l’en-
tendemêt en l’ame,la
parolle en l’entendemêt:
en asseurant que Dieu
estoit le pere de tout ce-
cy. La parolle doncques
n’est autre chose que
l’image & entendement
de Dieu, ensemble
le corps de son idée.Mais
celle de l’ame,& la pu
re & entiere portion de
la matiere est l’air:celle
de l’air, est l’ame:celle
de l’ame, est l’entende-
ment:celle de
l’entendement,est Dieu. Lequel
est à l’entour de toutes
choses, & par toutes.
L’entendement est à
l’entour de l’ame, l’ame à
l’entour de l’air,l’air à
l’entour de la matiere.
Quant à necessité,
prouidence,& nature,
sont les organes du monde,
& de l’ordre de la matie-
re. Et de fait vne chacune
chose intelligible est
essence, & leur essence
n’est autre que celà mes-
me. Mais vne chacune
d’elles, est l’assemblée &
multiplication des corps
qui sont au monde.
Source ici : http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Hermes-l-universalite-des.html
Rapports
de l’âme et du nombre selon Pythagore.
Les corps composez ayans
ceste chose intelligi-
ble, & s’entremeslans
l’vn auecques l’autre (cest
à dire, ces corps auecques
ceste chose intelligi-
ble & spirituelle)
gardent tousiours[1]
& retien-
nent l’immortalité de ceste
chose intelligible.
Quant aux autres corps qui ne sont pas compo-
sez, l’organe d’vn chacun
d’eux est vn nombre.
Car il est impossible qu’il
se puisse faire compo-
sition, ou dissolution,
sans nombre : au moyen
que les vnitez engendrent
& accroissent le nô-
bre[2]:
lequel puis apres retirent en elles, quand
elles sont desassemblées.
Or n’y a il qu’vne seu-
le matiere. Et tout ce
monde n’est qu’vn grand
Dieu, & l’image du
treshault & souuerain, e-
stant à luy
conioint[3]:& en tousiours gardant son
ordre, & la volonté de
son pere, est l’entiere
plenitude & comble de
toute vie. Tellement
qu’il n’y a rien en luy de
toute eternité, ou de-
puis qu’il a este crée, ou
que l’on prenne garde
au total, ou à quelqu’vne
de ses parties, qui n’ait
fruition [4] de vie. De maniere qu’il n’y a rien qui
en soit priué de present,
ny au passé, ny à l’aue-
nir. Car Dieu son pere a
voulu qu’il fust viuant
tant qu’il est, c’est à
dire, à tousioursmais. Ce qui
fait, qu’il faille dire que
soit vn Dieu. Comme
dôc[5] se pourroit il
faire, mon filz, qu’il y eust cho-
se en Dieu, en l’image de
toute chose, en la ple-
nitud edevie qui en fust
privé?Car priuation de
vie, n’est autre chose que
corruption:& corrup-
tion
tousiours [1]
toujours.
nôbre [2]
nombre.
conioint [3] conjoint.
fruition [4] jouissance.
Dôc [5] donc.
Source ici : http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Hermes-rapports-de-l-ame.html
Que rien
de ce monde ne meurt.
que destruction de tout
bien. En quelle
sorte doncques &
maniere se pourroit il faire,
que quelque partie de ce
qui est incorruptible,
fust corrompu : ou
quelque chose de ce qui est
Dieu, deuint à neant ?
TAT : Et dea mon pe-
re : tous animaux, qui
sont[1]partie d’iceluy, ne
meurent ilz pas, & deuiennent
à neant ? TRIS.
Parle plus sagement, mon
filz:car tu erres quât[2]
au nom, au moyen qu’il n’y
a rien en ce monde
qui meure, mais se faict
seulement dissolution,
ou desliaison des corps
composez. Laquelle cer
tes n’est pas la mort,
ainçois quelque resolution
d’vne chose coniointe
ensemble. Vray est que
l’vnion se dissoult, non
toutesfois que ce qui est
prenne mort[3]:mais trop
bien ce qui est vieil, r’a-
ieunist.[4] TATIVS :
Atendu mon pere qu’il se fait
quelque operation de
vie : ne se doit elle pas a-
peller motion ? Et n’y
a il pas quelque chose en
ce monde immobile ? TRISM.
Non, mon filz.
TAT. Ne vous semble il pas que la terre est im-
mobile ? TRISM. Non.
Mais au contraire elle
me semble estre de diuerses
motions agitée, &
neantmoins stable en
quelque sorte. Ne seroit
ce pas chose ridicule de
dire que celle qui nour
rist, conçoit, &
enfante toutes choses, fust pri-
uée de mouvement. Car il
est impossible que
quelque choses peust
concevoir & produyre,
sans quelque mouuement.
Tant que vouloir
l’opposite maintenir, ne
seroit moins ridicule,
sont [1] : se reporter à la source pour comprendre : font.
quât [2] quant
prenne mort [3] .../...
r’aieunist [4] rajeunit
Source ici : http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Hermes-que-rien-de-ce.html