La philosophie incompréhensible.
La philosophie incompréhensible.
prehenfible, & comme en tant de
manieres la
confondent & abaftardiffent. TRISM.
Celà fe
fait ô Afclepe, à caufe que par cauteleufe
& per-
uerfeinuention, la meflent auecques autres
di-
uerfes fciences incomprehenfibles, comme A-
rithmetique, Mufique, & Geometrie.
Mais il
fault que la vraye, entiere, & pure
philofophie,
& qui feulement depend de Dieu, foit
telle, que
de fi ententiue & ardente curiofité,
elle s’em-
ploye aux autres fciences, que fur toutes
chofes
s’efmerueille, comment il fe peut faire,
que les
reuolutions & mouuemens des aftres,
leurs pre-
finies & limitées ftations, & le
coursde leur
changement, confistent par nombres, poix, &
mefures. Pareillement qu’en cognoiffant
les
compartimens, qualitez, & quantitez de
la ter-
re, les abifmes & profondeurs de la
mer, la for-
ce & violencedu feu, auecques la
nature &
l’effect de toutes ces chofes, elle
s’efmerveille, a-
dore, & collaude leur artificiel
facteur, qui eft
Dieu. Sçavoir aufsi pareillement la
Mufique,
n’eft autre cas, que entendre l’ordre de
toutes
chofes, & ce que diuine raifon a voulu
eflire &
ordonner. Car l’ordre de chafque chofe, par
viue & artificielle raifon conferé
& rapporté
en vne fur toutes les autres, faict vn
tres harmo-
nieux & parfaict accord à diuine
melodie.
ASCLEPIVS. Que fera-ce doncques des
hommes,
Argument du septième chapitre.
hommes, qui viendront apres nous Trifmegi-
fte ? TRISMEG. Eux deceuz par l’impofture
des Sophiftes, auecques defdaing & mefpris fe
deftourneront de la vraye, & faincte philofo-
phie. Car d’adorer Dieu auecques fimpleffe
d’efprit, d’honorer & reuerer fes oeuures, de
rendre finablement action de graces à favolon-
té (qui eft la feule pleine de toute doulceur &
bonté) eft la philofophie, de nulle facheufe cu-
riofité d’efprit violée, & corrompuë. Soit iuf-
ques icy traité de ces chofes.
L’argument du feptiesme chapitre.
Le feptiesme contient de la creation du monde :
de la matiere, de l’efprit qui la fuyt et accompai=
gne, et du lieu ou toutes choses ont esté faictes
et crées : ce qui eft une philofophie occulte. Il ditct
que toues chofes mondaines font au monde con=
tenues, et le monde en Dieu. Il appelle lieu, le
poinct de la matiere ; ce que l’incite à dire, et eftre
d’opinion que le lieu du monde ne fut oncques né :
mais que le monde l’a efté, en ayant efgard à l’œuvre
des creatures : et fine(1) l’a point efté en prenant gar-
de à leur ouvrier et createur : Car Hylé (dit il) et
l’efprit, c’est à dire, le monde, et quelque vertu
diuine diffufe et efpandue par toutes choses, n’e=
ftoient pas en l’ouurage du monde premier qu’ilz
fuffent nez:ains(2) en celuy,duquel ont deu auoir leur
aiffance
(2) « nez:ains » - nés : mais
http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Hermes-argument-du,589.html
Argument du septième chapitre suite I.
et production.
Mais en qui estoient ilz,
finon en ce
verbe diuin, par lequel toutes chofes
font
faictes ? Et en qui eftoit la vie de tout ce qui a
efté faict. Et
d’ou finablement eft iffu, tout ce qui
est faict. Il
dit en apres que Hylé, c’est-à-dire, la
matiere du
monde, est aufsi toft feconde de qualité
caufative de
bien, que de mal, pour autant qu’elle
est capable de
tous les deux, ainfi comme quelque
terre, laquelle
produit aufsi bien les bonnes que les
mauuaises
herbes, au cas pareil est il de Hylé, en
la production de
bien et de mal. Il dict toutesfois,
que Dieu a en cela
prouveu aux hommes (en tant
qu’il a efté
raisonnable et de neceffité) en ce qu’il
leur a donné fens,
fcience, et intelligence, pour re-
pugner à ceste
proprieté materielle, de peur que
malice ne furprint
et occupaf la fpirituelle qui
est en nous, ainfi
que fait quelque mefchante herbe,
une terre
habandonnée sans labeur, et dont l’on
ne tient conte. Il
difpute finablement quelque peu
de l’efprit,
lequel eft par tout diffus et efpandu.
Des enfers femblablement,
et du fens, lequel est
une influence
des chofes diuines, es entendemens
humains, comme les
rayons de quelque lumiere es
yeux.
Chapitre VII